Les Jeux Olympiques de Paris 2024: En plein coeur !
L’été fut sportif, c’est le moins que l’on puisse dire. Entre le Tour de France, l’Euro 2024 et surtout les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, nous avons transpiré devant nos écrans de télévision, nous avons vibré devant les exploits français et internationaux, nous avons hurlé de joie et pleuré de bonheur, nous avons parfois essuyé une petite larme de déception, quand nos sportifs préférés n’atteignaient pas leurs objectifs.
Apprendre l’humilité
Il se trouve que j’ai eu la chance de participer aux deux grands événements parisiens. Quand je dis participer, soyons clair tout de suite, pas en tant qu’athlète. Je suis trop vieux (sourire). Si cela fut un rêve d’enfant, auquel j’ai consacré beaucoup de mes jeunes années, je n’ai jamais pu me rendre aux Jeux en tant que compétiteur.
Les rêves ne sont pas tout faits pour devenir réalité. Pendant 7 ans, j’ai été sportif de haut niveau et malgré tous mes efforts, je n’ai pas fait partie des heureux élus. Des regrets ? Absolument aucun, car l’aventure fut belle, excitante, motivante et l’engagement total. Parfois, il faut savoir accepter de ne pas être le meilleur. C’est une belle leçon de vie, une leçon d’humilité. Néanmoins, le plus important est de toujours tout faire pour y arriver quel que soit le résultat, de se donner la chance. C’est ce que j’ai fait et j’en suis fier. Au final, avec l’expérience, plus que l’objectif je retiens le chemin parcouru.
Vivre les Jeux de l’intérieur
Si j’ai participé aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, c’est donc en tant qu’organisateur, dans l’équipe média de la Fédération Internationale de Judo, pour qui je travaille depuis 2010. Les JO étaient ainsi mes quatrièmes Jeux, tandis que je participais pour la première fois aux Jeux Paralympiques, j’y reviendrai.
Chacun des Jeux Olympiques auxquels j’ai pris part a laissé dans ma mémoire une trace indélébile. À Londres, j’étais un jeune ‘Rookie’, comme on appelle un membre d’une équipe de sport qui effectue sa première saison. Je découvris à cette occasion ce que j’avais vu à la télé en étant au cœur du réacteur olympique. Je me rappelle particulièrement d’une cérémonie d’ouverture grandiose.
Ma première expérience des Jeux, elle, remonte à 1984, à Los Angeles, où se déroulera la prochaine édition de l’événement planétaire d’ailleurs. J’étais alors un gamin de 11 ans, et pour rester éveillé toute la nuit et suivre les épreuves en direct à la télévision, ma sœur me fit boire des litres de café. Encore aujourd’hui, je ne peux en boire, ne serait-ce qu’une tasse. Les Jeux, ça vous marque !
Quatre ans après Londres, je vécus l’ambiance magique et festive de Rio 2016. Il fallut attendre 5 ans de plus, pour cause de COVID, pour me plonger dans l’atmosphère confinée si particulière de Tokyo 2020. Pour la petite histoire on appelle toujours ces Jeux ceux de ‘Tokyo 2020’, même s’ils se déroulèrent l’année suivante.
Et puis il y eut donc les Jeux de Paris 2024 qui viennent de s’achever. Des Jeux à la maison pour ainsi dire. Des Jeux qui furent tant critiqués, tant décriés, qu’en arrivant dans notre belle capitale, je ne savais moi-même plus à quel saint me vouer et je ne savais pas à quoi m’attendre, si ce n’est à un chaos total, comme c’était annoncé. De chaos il n’y en eut point, bien au contraire. Les Jeux de Paris 2024 furent tout simplement magnifiques, grandioses, monumentaux ; ils furent aussi colorés, festifs et inclusifs ; Il furent émouvants, excitants, surnaturels par moment.
Ressentir les émotions de champions des JO 2024
Oui, j’ai vécu les Jeux de Paris 2024. J’étais là sous la pluie battante lors de la cérémonie d’ouverture, quelque part dans les rues de Paris, à la recherche d’un angle de vue différent de celui de tous les spectateurs présents le long de la Seine. Je suis rentré à mon hôtel rincé et trempé jusqu’aux os, mais heureux. Dès le lendemain, j’étais là, dans l’Aréna Champ-de-Mars, au bout du dit champ, au pied de la Tour Eiffel, lors des dix médailles françaises en judo et lors des exploits de tous les autres judoka mondiaux. Chaque jour, nous a offert son lot de surprises ou de confirmations, une cargaison d’exploits en technicolor.
J’étais là lors de la victoire historique de Teddy Riner dans la compétition individuelle, et surtout lors du titre par équipes mixtes. J’étais là encore lors lorsque mon amie Clarisse (Agbegnenou) dut se contenter de la médaille de bronze. Elle était si proche de l’exploit. Quand je dis j’étais là, je veux dire que j’étais à quelques mètres, juste au bord des tatami. Je pouvais presque sentir le souffle des champions et ressentir leurs émotions.
Lors de cette finale épique, je devais initialement partir l’instant même où l’arbitre annonçait le résultat du dernier combat. C’est ce que j’ai fait, sauf que ce fut avec plus d’une heure de retard, vu le dénouement incroyable qui se déroula devant un public en délire.
J’étais donc là au cœur de la fournaise entretenue par les hourras des fans de judo. De mémoire de judoka, on n’avait jamais vu ça. Si vous avez suivi les Jeux à la télé, vous n’avez saisi qu’une infime fraction de l’ambiance qui régnait dans l’aréna. Le plus doué des scénaristes n’aurait jamais pu écrire le script du film que les équipes de France et du Japon ont joué pour nous en direct.
Les Jeux Paralympiques 2024
J’étais encore là lorsque les lumières se sont éteintes pour se rallumer quelques semaines plus tard pour les Jeux Paralympiques. Au bout du bout de cet été mémorable, c’est sans doute l’événement qui m’aura le plus marqué. Pour le coup j’étais redevenu un rookie qui participait à ses premiers Jeux Paralympiques. Je ne savais pas réellement à quoi m’attendre. Qu’en serait-il du niveau? Le public serait-il au rendez-vous? Les questions étaient nombreuses et toutes appelèrent des réponses positives.
Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 furent un moment de communion indescriptible avec des mots. Le niveau émotionnel grimpa en flèche dans le cœur des milliers de spectateurs venus tout aussi nombreux que pour les JO. Ils furent tout aussi enthousiastes voire plus encore. Il était impossible de rester de marbre devant l’émotion de chacun des sportifs engagés. Qu’ils gagnent ou non, ils ont toutes et tous, sans exception, partagé leur bonheur d’être là, de faire partie de la fête au même titre que qui que ce soit. Une fois encore, personne n’avait jamais vécu cette ferveur et tout le monde, athlètes, officiels, organisateurs, public… s’est retrouvé dans l’échange, la fraternité et l’entente mutuelle.
Dans un monde perturbé et dans une société qui ne sait plus toujours dans quel sens avancer, tous les messages véhiculés au cours des Jeux Olympiques et Paralympiques sont autant de directions à suivre. Au delà de la dimension sportive de tels événements et des exploits de chacun, le bilan de cet été nous a, et à défaut il m’a redonné foi en l’humain. Oui, nous sommes capables de nous retrousser les manches et de nous unir pour le bien de l’humanité.
En résumé…
A la fin de ce deuxième épisode des jeux de Paris 2024, nous devînmes ‘entiers’ en quelques sortes. Il n’y avait plus d’un côté le monde des valides et de l’autre un univers qu’on ne voulait voir. Nous avons appris à nous connaître, à nous apprécier, à nous aimer. Il y aura, j’en suis convaincu, un avant et un après Jeux Paralympiques, qui sont devenus un événement para-« normal », car c’est bien de cette normalité dont nous avons tous besoin, une normalité qui tend à l’extraordinaire. Nous avons écouté et nous avons contribué à la musique du bonheur.
Souvent, on me demande: « Et maintenant ? » Et maintenant, j’espère, je souhaite et je rêve d’une société plus inclusive, d’une société où les différences ne sont pas cachées et ne font par peur ou honte, mais où elles permettent de transcender les difficultés. En étant impliqué au plus profond des Jeux, j’ai senti le cœur du monde battre et je peux vous garantir, croyez-moi, qu’il est toujours bien vivant.
Nicolas Messner voyage 250 jours/an depuis une vingtaine d’années. Ancien athlète de haut niveau, directeur de « Judo pour la Paix » et photographe, il a fait le tour du monde plusieurs fois. Il nous racontera ses étourdissantes escales…
Rédigé par : Nicolas Messner - http://www.nicolas-messner.com